Documentation professionnelle

13. L’avenir dans les bibliothèques publiques :
sessions de la Branche professionnelle des bibliothèques publiques présidée par Hanneke Kuiper, Bibliothèque publique d’Amsterdam

Al coda ? Les bibliothèques hollandaises : point de vue sur l’avenir des collections musicales dans les bibliothèques par Hannecke van der Veen, Frank Huysmans, Université d’Amsterdam

Aux Pays-bas, 25% de la population est inscrite en bibliothèque publique, un taux qui a progressé entre 2001 à 2007 avec un regain d’intérêt particulier pour les collections musicales. Les médiathèques publiques ont en effet développé leur offre, physique et numérique, allant parfois du simple au double, sur tout le territoire des Pays-Bas.
Parmi les investissements les plus récents figure la numérisation de musique enregistrée, de musique imprimée, et les possibilités de prêt à distance.

La Rotterdam Central Discothek achète tous les CDs disponibles sur le marché en Hollande (ex. : en 2009 ce fonds constitue 400 000 références), et représente à ce titre une référence pour la plupart des autres médiathèques aux Pays-Bas. Les utilisateurs des médiathèques de tout le pays peuvent soit emprunter les documents physiquement dans leur ville, ou d’un clic par le biais d’un service national appelé Digileen (qui concerne surtout la musique classique, le jazz et la pop-rock hollandais). Ce service, mis en place grâce à des partenariats divers avec l’Etat mais aussi avec les maisons de disque, rencontre un succès important depuis son ouverture (ex. : 450 000 prêts numériques entre 2006 et 2008).

La présentation de cette conférence, très complète, s’est basée sur des chiffres issus d’enquêtes et de statistiques diverses effectuées aux Pays-Bas, tant auprès des professionnels que du public. Outre l’évaluation de l’efficacité des services, certains graphiques montraient l’évolution et les tendances des collections musicales physiques par rapport aux collections et aux prêts numériques entre 1999 et 2007 aux Pays-Bas.

Outre la musique enregistrée, la musique imprimée est également convoitée par le public des médiathèques : 25 médiathèques sur 30 possèdent un fonds de partitions.
Les chiffres montrent que la majorité du public est très satisfait de ce service. Ceci étant, la numérisation des partitions de musique est encore en phase embryonnaire. Les bibliothécaires interrogés évoquent un manque de temps, des moyens techniques et financiers trop peu importants pour développer ce service et parfois une demande qui ne justifie pas cet investissement. Les partitions sont le plus souvent disponibles sur des postes dédiés, dans les espaces publics ou sur Cd-roms.

Des enquêtes montrent que la majorité des bibliothécaires musicaux s’attendent à une baisse constante des prêts physiques au profit des prêts numériques, mais cette majorité reste optimiste quant au développement du prêt numérique de partitions.

Le prêt de musique numérisée : nouveau chapitre par Ole Bisbjerg, State and University Library, Arhus

Poursuite d’un débat initié lors du congrès de Göteborg.
Au cours des dernières années, et avec l’émergence des offres de musique en ligne, certaines bibliothèques au Danemark, aux Pays Bas, en Suède en Norvège et en Finlande ont élaboré un service de musique numérique pour leur public. Au Danemark par exemple, un consortium existe entre l’industrie discographique, la législation danoise, l’Etat, les Universités, etc. Il ne s’agit pas d’un projet financier, mais culturel. En Suède, Musikwebb propose un accès public à une plate-forme de téléchargement, accessible pour les usagers des médiathèques.  Au Royaume-Uni, les bibliothécaires se serrent les coudes pour s’entendre sur les abonnements aux plate-formes de téléchargement pour leurs usagers, afin de veiller à conserver des collections physiques et à continuer de les mettre en valeur.

Chaque pays ayant opté pour une offre différente, un accès différent à un catalogue différent, il est intéressant de comparer les expériences des uns et des autres, notamment en termes de négociation entre les différentes organisations.
Pendant cette conférence qui fut particulièrement vivante, voici les questions qui ont été soulevées par les uns et les autres :

  • moyens mis en œuvres pour la mise à disposition d’un service de prêt numérique: qui finance l’adhésion au service ?
  • politique documentaire : en admettant qu’un catalogue numérique complète une collection physique, comment appréhender un équilibre entre les deux types de fonds, comment aller vers une politique d’acquisition complémentaire ?
  • questions de droits : à qui gagne l’accès à une collection de musique en ligne en médiathèque ? l’élaboration d’un catalogue pour une médiathèque nécessite une entente avec les maisons de disques et les propriétaires des droits. Accès public à l’intérieur des médiathèques et / ou depuis le domicile de chacun ? Chaque pays possède ses propres règles, qui encouragent plus ou moins ce service.  La question de l’accès aux données et de la forme de téléchargement / streaming dépend également des règles légales.
  • un service de prêt numérique permettrait-il de stimuler un public non encore partisan des médiathèques publiques ?
  • de quel(s) modèle(s) économique(s) une bibliothèque qui propose un accès à de la musique sous forme numérique pourrait-elle s’inspirer ?
  • Le catalogue de musique numérique permet entre autre aux bibliothèques de promouvoir la musique d’un autre point de vue que celui d’un magasin qui fixe une valeur marchande : celui de la qualité musicale et culturelle.

Sur le long terme, on prévoit d’élargir l’offre musicale à d’autres types de documents pouvant exister sous forme numérique : livres électroniques, vidéos, …

Adélaïde Kientzi,
bibliothécaire au CRR de Strasbourg

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