Documentation professionnelle

1. Compte-rendu général du congrès

International Association of Music Libraries
International Association of Sound Archives

L’Association des Bibliothèques Musicales et l’Association Internationale des Archives sonores se sont réunies en congrès joints avec 350 participants de 41 pays.

[Note du rapporteur :
1 - Ne pouvant exposer en détail ici tous les propos des intervenants, j'ai signalé les sites web montrés lors du congrès, à lire donc de préférence avec un Word permettant de cliquer directement sur les sites internet.
2 - La plupart des communications étant en anglais, ainsi que de nombreux sites web, des écarts de langage français vont se glisser dans ce compte-rendu, let's go]

Signalements

La première session nous informe, sous forme de communications très courtes, de projets ou d’avancements de travaux :

La Fondation Albeniz, de Santander (Espagne) élabore sur le web une « virtual school of music », avec cours et master classes : supports de cours théoriques, extraits de vidéos… Ce projet, dénommé Harmos, n’est pas encore visible sur le web mais semble très prometteur, selon la maquette montrée au congrès.
http://www.fundacionalbeniz.com/html/html/transform.asp

Musiknetwork : ce site, construit pour aider à développer le domaine de la musique dans le monde multimédia, en intéressant aussi bien les producteurs que les institutions de recherche, informe sur les nouvelles technologies, l’informatique musicale, les nouveaux outils pouvant servir aux bibliothécaires musicaux comme aux autres professions musicales.
[Vous pouvez vous inscrire gracieusement en demandant un mot de passe.]
http://www.interactivemusicnetwork.org/

BN-Opale/Opaline : la BnF a établi le projet de rétroconversion de ses fichiers manuels du département musique pour leur informatisation : 1 400 000 documents restent à saisir, tous types de documents confondus : livres, lettres autographes… Six années sont prévues pour parvenir à bout de la rétroconversion.
http://opaline.bnf.fr/

ISMN : L’International Standard Music Number, conçu pour la musique imprimée, poursuit son avancée dans le monde : 1700 éditeurs de 44 pays ont rejoint ce système qui vient de fêter ses 10 ans.
http://www.ismn-international.org/

Deux sessions du Comité UNIMARC

En tant que remplaçante d’Isabelle Gauchet, j’ai assisté aux réunions du comité Unimarc traitant des champs codés 128 et 145 (genres et formes musicales, instruments) pour suivre l’évolution des projets italien et français.
Pour rappel, ces codes existent déjà dans le format Unimarc et Intermarc (employé à la BnF) mais nécessiteraient des aménagements.

Le groupe italien a élaboré un projet très sophistiqué pour ces deux champs codés. La liste des genres et formes musicales est très longue, très détaillée et doit l’être encore pour les genres rock-pop-jazz, non détaillés pour le moment.
Champ 145 : La liste des codes pour les instruments est très détaillée, avec une possibilité d’ajout de suffixe permettant de spécifier par exemple soit des instruments solistes, soit une instrumentation alternative, ce qui permettrait de résoudre notre problème des partitions pour violon ou flûte sans passer par une zone de note.

La complexité de ce système nécessiterait une interface pour le catalogueur.
Ces champs codés devraient également être décodés pour rendre la lecture possible à l’utilisateur.
Ce système très sophistiqué pose un problème majeur de réalisation par les sociétés informatiques et la BnF pense que cela sera impossible à réaliser chez eux : en effet l’emploi des suffixes suppose une démultiplication des recherches dans le système, et sur les millions de notices que comprend le catalogue de la BnF, les temps de réponse deviendraient trop longs. Le groupe français avait donc fait une proposition plus simple, où les spécificités des partitions complexes pourraient être écrites en zone de notes. A cela, les italiens répondent qu’il est très regrettable de ne pas aller jusqu’au bout des possibilités d’un système informatique, mais que de toutes façons leur système pourrait aussi être employé sans les suffixes, au choix des bibliothèques.
Les participants d’autres pays sont aussi plutôt dubitatifs sur la réalisation de ce système très complexe.

Le PUC, comité international d’Unimarc, avait accepté la proposition italienne mais le groupe français Unimarc maintient qu’il sera impossible de la faire appliquer dans nos systèmes informatiques.
Toutefois, le projet de développer les formes pop-rock-jazz est accepté par tous, ainsi que celui de revoir à la baisse les formes classiques trop développées et rarement usitées. Le travail entre les collègues des deux pays continuera par courriels.

Laurence Decobert (BnF) est élue présidente du comité, secondée par Tiziana Morsanuto (Venise).

Virtual International Authority File = Fichier d’autorités en ligne

L’OCLC (Online Computer Library Center : réseau de bibliothèques aux USA) et la DDB (Die Deutsche Bibliothek : bibliothèque nationale allemande) ont constitué un fichier d’autorités auteurs multilingue, avec pour projet de le rendre accessible en ligne gratuitement, et d’y inclure à plus long terme, les autorités d’autres bibliothèques nationales ou organismes fiables.
Des millions de notices d’autorités sont déjà saisies, avec souvent des informations pour identifier l’auteur, et notamment pour différencier les homonymes (dont beaucoup restent cependant non différenciés). Persistent aussi des questions de formes selon les langues.
http://www.oclc.org/research/projects/viaf/

Thésaurus partagé en ligne

Massimo Gentili-Tedeschi (Milan) évoque l’éventualité d’une coopération entre les thésaurus musicaux existants déjà, analyse les possibilités et les problèmes soulevés par ce projet.
Il existe déjà un certain nombre de thésaurus musicaux : RILM, Ridim, New Unimarc fields… ainsi que des bases musicales sur le web, catalogues commerciaux… et par ailleurs des recommandations ontologiques pour le langage sur le web :
http://www.w3.org/2004/OWL/ [assez théorique, pour les passionnés de sémantique]

Dans cette éventuelle coopération, les problèmes de langage, de définition des termes musicaux, d’équivalences inexactes, de contextes différents restent primordiaux, mais Massimo [devenu notre président cette année] insiste pour que les bibliothèques ne réinventent pas la roue et se servent des thésaurus déjà existants, notamment celui du RILM. [Répertoire international de littérature musicale]

Dans ce domaine d’intérêt, Christian Bacchi, un collègue italien a fait une étude sur la classification musicale des formes, genres et styles employés par les sites commerciaux sur internet. Il expose sa méthode, les sites consultés, les termes utilisés et leurs occurrences.
http://www.interactivemusicnetwork.org/wg_standards/upload/040813_iaml-iasa_bacchi_classification.ppt

La Préservation des langues en voie de disparition

Patrick Mc Convell – Grace Kock

Partout dans le monde, des milliers de langues encore parlées aujourd’hui vont disparaître dans les prochaines dizaines d’années. Plusieurs organisations travaillent sur l’EL : Endangered Languages, avec des fonds d’archives sonores importants, et à ce titre font partie de IASA. Bien sûr des témoignages musicaux y sont aussi conservés.

Sur le web, on pourra trouver trouver plusieurs sites de ces organismes, parmi les plus importants :
Endangered languages projects - http://www.hrelp.org/
EMELD - http://emeld.org/
DELAMAN - http://www.delaman.org/
DOBES - http://www.mpi.nl/DOBES

Des bases documentaires ou bibliographiques en ligne

Chaque année plusieurs communications permettent de prendre connaissance de bases diverses, notamment sur le pays d’accueil du congrès, mais pas seulement :

Musique en Afrique du Sud
Chris Walton (Université de Pretoria) évoque la richesse et la diversité de la musique en Afrique du Sud, avec l’apport multi-ethnique. Il est co-auteur d’un dictionnaire des compositeurs d’Afrique du sud, consultable en ligne
http://sacomposers.up.ac.za/

Jazz en Norvège
Le jazz occupe une grande place en Norvège depuis les années 1920. Ce site expose son histoire et les musiciens du pays, une base discographique de 18 900 titres : dépouillement des albums avec pour chaque titre, les musiciens qui jouent, leur instrument, date de l’enregistrement, etc, jetez un coup d’oeil sur Search, c’est bien fait !
http://jazzbasen.no

Archives sonores

The Norwegian Institute of Recorded Sound

Créé par Arne Dorumsgaard (compositeur), ce centre émane de la collection privée du compositeur qui est parvenu à l’institutionaliser. Retrace l’histoire de cette transformation de la collection jusqu’à son projet de numérisation.
http://www.recordedsound.no

Les Archives du Conservatoire de Moscou
Enregistrements de concerts, de leçons, de master classes ou autres événements pédagogiques, ces documents sonores représentent depuis 1940 une grande quantité de bandes, cassettes, disques compacts, dat… Enregistrements uniques de musiciens russes, classiques ou folkloriques, et de musiciens étrangers invités à se produire au Conservatoire. Le problème majeur pour l’exploitation de ces archives est d’une part leur conservation qui aurait besoin d’une numérisation et d’autre part les questions d’ordre juridique.
Site en construction : http://ww.consaudio.ru

Dons et dépôts

Dominique Hausfater (Bibliothécaire au Conservatoire national supérieur musique et danse de Paris)

Avant d’accepter un don, on doit vérifier sa nature, sa cohérence avec la collection, et son état de préservation : attention aux champignons qui se propagent et contaminent un fonds.
On peut accepter des ouvrages pour développer un fonds en relation avec un événement de l’institution, ou des doubles pour les prêter.
Le catalogage complet du don est souvent difficile à accomplir, le plus souvent par manque de personnel. On peut donc éventuellement pour cela faire appel à un étudiant spécialisé sur le sujet. Sinon on sera tenté de traiter une partie des documents pour les intégrer à la collection.

Il faut veiller à ce que le don puisse apparaisse clairement dans la collection, dans la base à défaut d’une étagère dans la bibliothèque : entrer le nom du donateur de façon à pouvoir sortir rapidement la liste des ouvrages correspondant (ce peut être dans les autorités auteurs avec le code de fonction « donateur » qui existe dans la liste).
L’attention envers ces dons est primordiale, sans quoi on risque de ne plus en recevoir.

Il faut signer une convention entre le donateur et la bibliothèque, avec les modalités du don et du traitement de la collection au sein de la bibliothèque.

Jon Baguès (Espagne) parle d’un sérieux problème avec les dépôts. Sur le long terme, réapparaissent des ayants droit pouvant réclamer la collection déposée. Dans ce cas, il est à noter qu’un simple papier signé ne suffit pas. Il faut être très vigilant sur le plan juridique.

John Shepard (New York Public Library) nous communique le formulaire à signer par le donateur. Aux Etats-Unis, ces dons sont institués sous plusieurs formes possibles, et forment une part souvent importante de l’enrichissement des collections de bibliothèques.

Nouvelles du futur

Michel Fingerhut présente le prochain colloque d’ISMIR qui se tiendra du 10 au 14 octobre à Barcelone.
Sous le terme « Music Information Retrieval » les nouvelles technologies au service de la musique élaborent un traitement complexe de documents musicaux numérisés pour des recherches et des applications très sophistiquées.
www.ismir.net

Mary Wallace Davidson (Indiana University) présente le NINCH (National Initiative for a Networked Cultural Heritage), qui a élaboré un Guide pour une bonne pratique de la représentation numérique et pour l’organisation des matériels de l’héritage culturel (ou de la documentation) [trad. du rapporteur]
http://www.ninch.org/programs/practice/ expose ce programme, exploité pour l’élaboration du projet Variations2
http://variations2.indiana.edu/ est le site de Indiana University Digital Music Library Project

Cette année, ils ont progressé dans des applications pour les enseignants, dans la simultanéité de la vision et de l’écoute d’une partition et dans l’encodage des incipits et des partitions qui pourront être recherchés par une mélodie.
Leur principal obstacle aujourd’hui se situe dans les exigences du droit d’auteur.
Ce projet de bibliothèque musicale numérique en ligne est le cousin américain du projet de Marie-Hélène Serra pour la Médiathèque de la cité de la musique à Paris, que vous pouvez voir sur le site de la Cité de la musique avec les dernières nouveautés.

Classical Music Library

Roger Press, l’un des responsables de la société, nous présente les nouveautés de cette base musicale en ligne : elle propose désormais 35 000 titres, dont de nombreux enregistrements qui ne sont plus diffusés dans le commerce et agrandit régulièrement son catalogue en négociant avec d’importants labels le droit d’exploitation de leurs archives contre rétribution à chaque écoute de l’utilisateur. Les labels paraissent répondre favorablement à ce système qui peut convenir à de nombreuses personnes, rétribuant les producteurs pour des fonds qu’ils n’exploitaient plus, satisfaisant un public pour la mise à disposition d’archives sonores.

Déjà présentée l’an dernier, assez mal perçue par les musiciens par rapport à la qualité du son mp3, la société a développé une qualité supérieure, équivalente au cd, sans alourdir les temps de chargements.
Cette base propose, en regard de l’enregistrement, une présentation de l’oeuvre, du compositeur, éventuellement la brochure scannée.
Une utilisation pédagogique est possible avec une mise en mémoire de titres et d’un dossier d’étude qu’un professeur peut rendre partageables pour ses élèves, avec un accès codé.

L’abonnement annuel d’accès est d’environ 1000 €.
http://www.classical.com/

Corinne Brun,
documentaliste à la Cité de la Musique

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