Documentation professionnelle

10. Portails et archives : sessions de la Branche professionnelle des archives et centres de documentation musicaux présidées par Marguerite Sablonnière, Bibliothèque nationale de France, département de la Musique

2 sessions le mardi 7 juillet

La première session de la Branche des archives et centres de documentation musicaux proposait plusieurs projets de portails fédérant des sources d’archives musicales.

Fédérer l’accès aux archives de concerts à un niveau national : le portail des orchestres français et le portail des musiques traditionnelles.
Marie-Hélène Serra, Directrice de la Pédagogie et de la Médiathèque, Cité de la musique, Paris, France
Rodolphe Bailly, Responsable du système d’information et de la numérisation de la Médiathèque, Cité de la musique, Paris, France

Deux portails dont l’objectif est de fédérer, à un niveau national en France, les archives de concert (enregistrements audio et vidéo, programmes) des institutions musicales sont présentés. Le premier concerne les orchestres français et la musique classique, le deuxième les musiques traditionnelles au travers de la programmation de plusieurs établissements culturels (la Cité de la musique, le Musée du quai Branly, le Théâtre de la Ville, la Maison des Cultures du monde…).

Le portail des orchestres (http://www.viedesorchestres.fr), réalisé par la Cité de la musique en collaboration avec l’Association française des orchestres et avec le soutien financier du ministère de la Culture, vise non seulement la conservation et la valorisation du patrimoine immatériel des orchestres français mais aussi un usage accru des moyens numériques au sein de ces institutions musicales dont certaines ont plus d’un siècle d’existence.
Les trois principales fonctionnalités du portail (agenda national des concerts ; accès aux archives audio et vidéo par recherche multi-critères ; recherche dans la base de données des saisons musicales) offrent aux professionnels et au grand public une vision globale de l’activité artistique des orchestres.
Après les étapes de la mise en œuvre – inventaire, numérisation, mise en ligne, développement de la base de données, établissement des listes d’autorités et réalisation de l’interface web, obtention des autorisations de diffusion auprès des ayants-droit – le défi est de garantir la viabilité à long terme du portail. Celle-ci suppose la contribution active de chaque orchestre pour la mise à jour les données, l’enrichissement des autorités et l’apport de nouvelles archives.

Le portail des musiques traditionnelles (http://www.spectaclesdumonde.fr) est basé sur un mécanisme de moissonnage (OAI-MPH) de métadonnées qui référencent les concerts et spectacles de plusieurs institutions parisiennes qui œuvrent pour la diffusion des musiques traditionnelles. Il propose une navigation géographique ainsi qu’un filtrage des résultats par instruments et peuples. Les métadonnées décrivent les événements artistiques qui ont été enregistrés sous forme audio, vidéo ou photographique. Grâce à la numérisation des archives et à l’agrégation des métadonnées, les ressources de ce domaine d’activité musicale gagnent en visibilité sur le web. Un vocabulaire commun concernant les instruments et les peuples a été élaboré à partir de la fusion des thésaurus existants. Le portail intègre un outil pour la consultation des extraits audio et vidéo de chaque concert. Selon les autorisations acquises auprès des ayants-droit ou de leurs représentants, les versions complètes des archives audio et vidéo sont accessibles soit sur internet à partir des sites des institutions, soit au sein des centres de documentation détenus par ces mêmes institutions.

The organ archives of Utrecht University: documents of a mid-20th-century Protestant revolution par
Stephen Taylor, Université d’Utrecht

Stephen Taylor a présenté un très riche fonds documentaire concernant la facture d’orgue conservé à la bibliothèque de l’université d’Utrecht. Ce fonds, dont l’origine est un don effectué par Maarten Albert Vente (1915-1989), musicologue et spécialiste de la restauration des orgues, comprend environ 130 000 documents. Il représente une source d’information importante, non seulement pour les recherches musicologiques et historiques, mais aussi pour la restauration des orgues aux Pays-Bas comme dans d’autres pays européens. Les nombreux documents d’archives de facteurs des 19e et 20e siècles sont régulièrement consultés en préalable à la restauration d’orgues anciens.
Quelques exemples de fonds, dont la numérisation est en cours, ont été évoqués, comme les archives des organistes Lambert Erné et Johannes Legêne. L’Université d’Utrecht n’a toutefois pas encore obtenu les crédits nécessaires à la poursuite du projet, malgré des recherches universitaires de plus en plus nombreuses. Il reste possible de consulter certains documents sur le portail « European organ index » (http://organ.library.uu.nl/eoi/index.htm) qui permet l’interrogation de plusieurs bases de données consacrées à l’orgue.

Digital Archive of Greek Songs (1870 – 1960) in the Music Library of Greece par Valia Vraka et Alexandros Charkiolakis, Bibliothèque musicale de Grèce « Lilian Voudouri », Athènes

Valia Vraka et Alexandros Charkiolakis, de la bibliothèque musicale « Lilian Voudouri » à Athènes, ont exposé un travail de numérisation d’un fonds d’environ 6000 chansons grecques sous forme de musique en feuille. Ce fonds fait partie de la section des Archives de musique grecque de la bibliothèque qui, outre des manuscrits de compositeurs du 19e siècle, comprend différents types de documents (partitions, enregistrements sonores, photographies, etc.). Le programme de numérisation, financé par la Commission européenne (Programme « Société de l’information »), s’est étendu sur dix-huit mois de septembre 2005 à février 2007. Les données des partitions déjà cataloguées dans des bases sous format Excel et Access ont pu être utilisées et corrigées avec l’aide de musicologues participant au projet. Un nouveau portail a été créé en 2008 pour accueillir les données saisies en format Dublin Core : DIGMA (Digital Greek Music Archive,http://digma.mmb.org.gr/). Ce programme inclut également la numérisation d’archives de compositeurs tels Mikis Theodorakis, Emilios Riadis, Frank Choisy, etc. Seules les partitions tombées dans le domaine public peuvent être visualisées et imprimées librement. Des versements réguliers se feront en fonction de la levée des droits d’auteur. La traduction du site en anglais est en cours.

La seconde session de la Branche des archives et centres de documentation musicaux comportait des interventions centrées sur des collections d’ethnomusicologie.

The collection « Jaap Kunst »
Willem Rodenhuis, Archives Jaap Kunst, Université d’Amsterdam

Les archives personnelles de l’ethnomusicologue Jaap Kunst (1891-1960), comportant des ouvrages, lettres et photographies, ont été intégrées dans les « fonds spéciaux » de l’Université d’Amsterdam. Les archives sonores sont restées un fonds à part, qui s’est accru dans les années 1970 grâce aux collectes effectuées par les disciples de Kunst. Lui-même avait collecté quelques 600 enregistrements en 78 t. extrêmement rares. L’université d’Amsterdam a passé un accord avec le NIBEG dans le but de numériser la collection complète d’enregistrements sonores. La description des documents a été effectuée dans une base de données consultable en ligne. Le projet de numérisation a ensuite débuté mais les subventions ont été arrêtées de sorte que la collection est maintenant difficilement accessible et dans une situation de préservation précaire.

The Creation of a National Electronic Database of Music Document Collections, Special Collections and Archival Projects in South Africa
Santie de Jongh, Université de Stellebosch, Afrique du Sud

Santie de Jongh, responsable du Centre de documentation musicale (Documentation Centre for Music, DOMUS) au département de la musique de l’Université de Stellebosch en Afrique du Sud, a présenté la base de données qu’elle a développée dans le cadre de ses études grâce au financement du SAMAP (South African Music Archive Project). Hébergée sur le site du DOMUS (http://www.domus.ac.za, « Music Archival Holdings in South Africa »), cette base recense au niveau national les fonds musicaux, permettant ainsi de les localiser et de préciser leur statut. Initié en 2007, le travail effectué par Santie de Jongh a nécessité de mettre en relation les différentes institutions participantes en tenant compte de leur grande diversité et du manque de formation de leur personnel. La structure de la base, reposant sur les normes de description archivistique, offre plusieurs points d’accès, notamment par province et par institution. La mise à jour des données induit toutefois un important travail de collaboration indispensable à la poursuite du projet.

Groupe de travail AMA (Access to Music Archives – Accès aux archives musicales)
Séance de travail le lundi 6 juillet et séance ouverte le jeudi 9 juillet

Le groupe de travail, issu de la branche des Archives et centres de documentation musicaux, a exposé les réalisations effectuées début 2009 sur le site web de IAML/AIBM : présentation des objectifs du groupe au moyen d’une brochure en format PDF, outils de travail, liens vers des bases de données nationales répertoriant des fonds d’archives musicales. Il souhaite par ailleurs développer des contacts dans différents pays, notamment en Amérique latine, afin de fédérer les informations existantes, mais aussi en direction d’autres associations comme l’ICA/CIA (Conseil international des Archives). Des indications bibliographiques sur les archives seront prochainement disponibles sur le site de IAML.
Un des points importants du projet consiste à susciter le développement de bases de données recensant les archives musicales et à instruire la réalisation d’un portail permettant l’accès simultanés à ces différentes bases. Dans ce but, les deux exposés de la session du 9 juillet avaient pour objectif de présenter des outils en cours de développement. Peter Horsman, de l’Université d’Amsterdam, a fait une démonstration du prototype d’un logiciel libre permettant de créer une base de données de description d’archives (ICA-AtoM « Access to memory », http://ica-atom.org/). Cette base de données, développée par l’ICA/CIA (Conseil international des archives), suit les normes internationales de description archivistique et est conçue pour gérer les descriptions des collections à plusieurs niveaux et des institutions. La présentation de Françoise Leresche, de la Bibliothèque nationale de France, venait ensuite apporter un complément important à la description de ce logiciel en rendant compte des différentes normes existantes élaborées par les bibliothèques et les archives. Elle a souligné la complémentarité de leurs approches et les possibilités offertes par leur utilisation réciproque. Enfin, les deux interventions illustraient la nécessité de renforcer la collaboration entre l’AIBM/IAML et l’IFLA d’une part et d’autre part de poursuivre les démarches initiées cette année en direction du Conseil international des archives.

Marguerite Sablonnière,
conservateur au département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France

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