Documentation professionnelle

2. Congrès IASA-IAML International Association of Sound and Audiovisual Archives

Musique et Multimédia

Cette année, les congrès des deux organisations IASA et IAML (1) étaient joints, ce qui a enrichi l’intérêt des communications et des échanges. Un thème d’ensemble avait été choisi pour mettre en valeur cette communauté de préoccupations : Musique et multimédia.

Les principales lignes de force

  • Sur le développement des collections

La musique en ligne. Cette nouvelle « source » d’acquisition, qui représenterait actuellement 4,5% du marché, ne va faire que croître. Une typologie a été établie (Bernhard Guenther, Music Information Center of Austria), des sites institutionnels aux sites d’éditeurs, en passant par les sociétés d’informatique et d’autres types de société. Les offres musicales les plus importantes sont Apple-i-tunes (depuis 2002, 500 000 références) ; OD2 (depuis 1999 : 260 000 références) ; Classical (depuis 2000, 35 000 références) ; Naxos (depuis 2004, 75 000 références).

Les présentations de collections : collections de collectionneur (Jacqueline von Arb « When collections become archives : the Arne Dørumsgaard collection at Norwegian Institut of Recorded Sound »), de conservatoire (Eugene Platonov « The Moscow Conservatoire sound archiv »), de musique traditionnelle (Christian Onyeji « Multimedia and popular music in Nigeria »).

  • Sur le traitement des collections

« Metadata » était encore une fois et de plus en plus le maître-mot. Lesquelles et comment les récupérer et/ou les intégrer dans les catalogues ? était le thème de la communication de Christian Clark (National Sound Archive, British Library). IASA lance une « Task force », c’est à dire une étude transversale à ses différentes sections et comités sur le sujet. Comment les récupérer pour créer ou compléter les notices bibliographiques était le thème la communication de Wolfgang Knust : une agence centrale des radios allemandes a mis au point la récupération des données sur 15 000 cédés/an (dont 200 000 morceaux de musique), via les metadonnées fournies par les éditeurs et/ou inscrites sur les disques (ISRC).
« L’intégration » de plusieurs type de documents pour constituer   une archive multimédia a donné lieu a plusieurs présentations. Notamment sur les « langues en danger », un réseau de plusieurs laboratoires de recherche a été présenté par Peter Wittenburg « The DOBES programme for Documenting Endangered Languages ».

  • Numérisation, mise en ligne de collections, services en ligne

Ont donné lieu a de nombreuses présentations. On retiendra trois types de services, de la part des institutions :
Les services « thématiques », comme « Virtual Gramophone » de la bibliothèque du Canada ou « A Jazz discography and an interactive knowledge base on the web. Jazz out of Norway » par Trond Valberg.
La mise en ligne, sur internet ou dans un réseau, du maximum de documents numérisés de la collection et de services selon le modèle australien (Screen and Sound et National Library of Australia) ou finlandais (Pekka Gronow « Access to digital radio archives »).
Le service « national » : assuré par les institutions patrimoniales audiovisuelles au Danemark et bientôt en Norvège : les productions phonographiques nationales sont déposées sous formes de fichiers électroniques ; par convention avec tous les ayants droit (auteurs, interprètes, producteurs, …) la bibliothèque met en ligne ces documents sonores pour une consultation gratuite dans les bibliothèques, payante à domicile. « Biblioteckers Net Music » est donc au Danemark le service public / commercial de ce qui avait été mis au point techniquement dans le système de conservation à long terme « Phonofile ».

Que cela soit pour la numérisation ou pour la mise en ligne d’archives, des sociétés privées proposent des services intégrés (Michel Merten « Mass digital library : an affordable way forward for small and medium-scale archives ») (2).

  • Numérisation, conservation des collections

Le Technical Comittee de IASA présentait sa nouvelle édition « Policy Guidelines on the production and preservation of digital audio objects » (Kevin Bradley).
L’université de Fribourg et la Phonothèque suisse de Lugano (re)présentait le système de conservation des disques par la photographie « Visual Audio ».
La conservation à long terme de la musique électro-acoustique fait l’objet d’un programme de recherche :
The Inter Pares2 Project.

  • Les questions juridiques

Dans la session organisée par le comité Copyright de l’IAML étaient présentées tant la situation en Norvège (qui sans être dans l’Union européenne est cependant très alignée sur les directives) que l’actualité européenne, par une représentante du groupe des bibliothèques européennes EBLIDA. Action à suivre de près pour la préparation d’une prochaine Directive européenne sur les données numériques (3).

Les travaux de deux structures particulières

  • La section des archives et bibliothèques nationales de IASA (présidée par Isabelle Giannattasio, directrice du département de l’Audiovisuel de la BnF)

Les membres de la section ont présenté de très intéressants rapports annuels sur leurs institutions et leurs activités en matière de développement des collections, de catalogage et de bases de données, de conservation et d’accès aux collections. Andorre, l’Australie, la région du Pays Basque, la Catalogne, le Danemark, la France, l’Allemagne, Israël, l’Italie, la Norvège, l’Espagne, le Suisse, le Royaume-Uni étaient représentés.

Deux problématiques importantes pour le futur sont apparues, toutes deux liées à Internet.
La première nous fait considérer Internet comme une nouvelle source de collecte ou d’acquisition de documents sonores ou audiovisuels : tant pour les sites en eux-mêmes que pour les services de vente en ligne proposés sur Internet par les éditeurs. Les archives nationales audiovisuelles doivent être conscientes et compétentes, et impliquées dans cette évolution.
La seconde est de considérer Internet comme un moyen de donner accès et de diffuser nos collections au public.

Les deux posent des questions juridiques, techniques et documentaires. De nouvelles politiques documentaires doivent être établies telles que les critères de choix, les périmètres nationaux, etc…
Il est prévu pour chacune des questions « Collecter les documents sonores et audiovisuels par Internet » et « Utiliser Internet pour donner accès et diffuser les collections audiovisuelles au public » d’établir : un « Policy Guidelines », une présentation des options techniques, illustrés par des études de cas.

  • La Commission des documents audiovisuels de IAML

Elle a saisi l’occasion de ce congrès joint pour n’organiser que des sessions jointes avec des comités ou commissions de IASA.
Profitant de récents développements de l’action de IASA en Afrique, elle a pu donner la parole à des responsables de fonds d’archives du Nigeria ou d’Afrique du Sud et présenté la mise en place sur le continent africain de programmes bibliographiques internationaux (RILM, dictionnaire en ligne de la musique africaine…)

Conjointement avec le comité technique de IASA, elle a permis d’informer sur les développements multiples des technologies numériques pour la conservation et l’accès. Des systèmes « clés en main » de stockage, maintenance et consultation des données numérisées développés par des entreprises privées pour de « petites » structures ; la lecture et le transfert photographique des enregistrements analogiques anciens expérimentés en Suisse ; les « produits » musicaux multimédias proposés en ligne en Australie, dans les pays Scandinave, permettant l’accès simultané aux oeuvres musicales enregistrées et notées.
Une réflexion méthodologique a été engagée, en liaison avec la section des archives nationales de IASA, sur l’authenticité en matière de sources musicales « non écrites » : musiques populaires, musique électroacoustique et, pour une fois, appliquée à la comparaison critique des multiples états d’une oeuvre « classique » : un cycle de mélodies de Grieg.

Plus généralement la part des nouvelles technologies dans l’ensemble des communications de IAML était prépondérante, affectant aussi bien le traitement bibliographique (ainsi de premiers exposés sur les ontologies performantes dans le champ musical), l’accès aux documents (des ressources musicales patrimoniales mises en ligne sur des sites nationaux, dont la collection Philidor sur Gallica) et l’élaboration d’outils nouveaux de consultation (de segmentation et d’indexation, voir de « résumé », des contenus musicaux écrits ou enregistrés) tels que ceux que met en place le nouveau pôle documentaire de la Cité de la Musique.

Elizabeth Giuliani


  1. Il faut rappeler que IASA est historiquement une dissidence de IAML. IASA ne s’occupe « que » de documents audiovisuels, dans tous les domaines musicaux, mais aussi parlés, ethnologiques, etc… IAML ne s’occupe « que » de musique mais au delà de la documentation textuelle, se trouvent aussi les aussi les documents audiovisuels. Le numérique est transversal.
  2. et , dans l’exposition professionnelle, le stand de Moving Media)
  3. « Position paper », attendu pour 2004
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