Documentation professionnelle

4. Recherches sur les collections historiques conservées dans les bibliothèques de conservatoire en Italie et Le processus de Bologne : sessions de la Branche des bibliothèques d’établissements d’enseignement de la musique, présidée par Anne Le Lay, Médiathèque musicale de Paris

Sessions de la Branche des bibliothèques d’établissements d’enseignement de la musique, présidées par Anne Le Lay, Médiathèque musicale de Paris

La collection Giuseppe Donizetti à la Bibliothèque du Conservatoire de musique San Pietro a Majella, Naples
Enza Ciullo, Italie, Benevento
De 1828 à 1856 Giuseppe Donizetti, le frère aîné de Gaetano, vécut à Constantinople où il occupa les fonctions d’instructeur général pour la musique de l’empire ottoman à la cour du Sultan Mahmud II. C’est ainsi qu’il contribua à la diffusion de la musique occidentale en Turquie.
En 1921 une partie de sa collection fut donnée au Conservatorio San Pietro a Majella, le reste de la collection initiale étant toujours conservé à Istanbul.
Cette collection, cataloguée récemment, est très riche en ce qui concerne la famille Donizetti : musique manuscrite, nombreuses photographies, 109 lettres,etc.
www.sanpietroamajella.it/

La Bibliothèque du Consevatoire de musique ‘G. Rossini’ à Pesaro
Marta Mancini, Directrice de la bibliothèque du Conservatorio di musica ‘G. Rossini’ à Pesaro

Le Liceo Musicale fut fondé en 1882 et ce n’est qu’en 1940 qu’il portera le nom de Conservatorio statale di Musica « G. Rossini » di Pesaro.
Le premier legs fut celui de Paolo Bodoira di Torino, lequel donna une collection de musique de chambre rare et précieuse correspondant à la période beethovénienne.
Parmi les fonds spéciaux, citons un fonds d’estampes et manuscrits à partir de 1500, des documents iconographiques divers, des lettres, environ 2000 partitions d’opéra, avec de nombreuses premières éditions d’opéras de Rossini, le fonds Bodoira, la musique manuscrite d’Amilcare Zanella, et les partitions du fonds « Fara »’acquis en 2002.
http://www.conservatoriorossini.it/strutture/biblioteca.aspx

Outils de recherche en ligne : les collections ‘Padre Martini’ à Bologne et ailleurs
Alfredo Vitolo, Museo Internazionale e Biblioteca della musica, Bologne

La bibliothèque conserve environ 10000 lettres en grande partie du XVIIIe et XIXe siècles, que l’on peut répartir en trois groupes :

  • le premier, constitué par la correspondance du Padre G.B. Martini (environ 6000 lettres), témoigne des rapports entretenus avec presque 1000 musiciens et théoriciens de l’époque.
  • Le second regroupe la correspondance des bibliothécaires du Liceo Musicale, parmi lesquels l’on trouve Gaetano Gaspari (1807-1881), Luigi Torchi (1858-1920), Francesco Vatielli (1877-1946), Fortunato Santini (1778-1861), Franz Xavier Haberl (1840-1910), Angelo Catelani (1811-1866).
  • Le troisième groupe est constitué de correspondance variée acquise par F.B. Martini ou par le Liceo Musicale, dont des lettres de Giacomo Antonio Perti (1661-1756), Giovanni Paolo Colonna (1637-1695), Pierfrancesco Tosi (1654-1732), Alessandro Lanari (1808-1889), Giovanni Tadolini (1793-1821), Antonio Tamburini (1800-1876).

Le Catalogo della Biblioteca del Liceo Musicale di Bologne fut rédigé par Gaetano Gaspari (1807-1881), bibliothécaire du Liceo Musicale. Il réalisa un catalogue sur cartes dont les 4 premiers volumes furent publiés entre 1890 et 1905 et le 5e volume en 1943.
Travail de numérisation entrepris :

  • en 2002, numérisation des 5 volumes
  • en 2004, rajout des indices du RISM Série A/1 (Répertoire international des sources musicales. Einzeldrücke vor 1800, Kassel, Bärenreiter, 1971-2003, 14 vol. ).
  • en 2006, réalisation d’un catalogue intégré ‘Gaspari online’ avec en plus les archives du Liceo musicale de 1804 à 1930 comprenant les tableaux, la correspondance des professeurs et des élèves.
  • en 2007, publication du nouveau catalogue avec l’ajout des 500 fiches réalisées par Gaetano Gaspari relatives aux compositions des élèves du Liceo musicale.
  • en 2008,numérisation de la correspondance entre Gaetano Gaspari et F. Santini, François-Joseph Fétis, Anne Farrenc et C.E. de Coussemaker

http://badigit.comune.bologna.it/cmbm/scripts/gaspari/project.asp

http://www.museomusicabologna.it/cataloghi.htm

Compte-rendu par Laurence Languin

Deuxième session
Le processus de Bologne : réflexions ouvertes à tous

Dominique Hausfater, Conservatoire national supérieur de musique et de danse, Paris
Federica Riva, Conservatorio di musica ‘A. Boito’, Parme

Dans la seconde session, il s’agissait, en prenant comme base de discussion l’état des lieux en France (dressé par Dominique Hausfater) et en Italie (par Federica Riva), de discuter des conséquences sur les bibliothèques de Conservatoire, en Europe, de la mise en place du processus de Bologne. Celui-ci vise à harmoniser les cursus de l’enseignement supérieur dans tous les pays de la Communauté et ainsi à assurer l’équivalence des diplômes dispensés.
Partout, le constat est très pessimiste. A partir de situations fort différentes et parfois opposées : du statut des conservatoires eux-mêmes (déjà intégrés à l’université comme en Allemagne ou au Royaume-Uni, entièrement séparés comme en France où, de plus, selon le niveau de la formation, ils dépendent de collectivités et de financements différents) et de celui des bibliothèques et de leurs personnels (en Italie les bibliothécaires sont assimilés à des professeurs, en France ils sont des agents administratifs, au Royaume-Uni ils peuvent, à titre personnel, associer les deux situations), le résultat actuel est très décevant. Il revient à prescrire à des interprètes souvent peu expérimentés dans les disciplines académiques des travaux écrits et à leur imposer, en théorie, des cours de méthodologie de la recherche.
Or ceux-ci et ne sont pas suffisamment développés (en heures de cours allouées notamment car émargeant sur un total inchangé et ce faisant donc au détriment des disciplines proprement « techniques ») et, de plus, ne sont pas toujours placés sous la responsabilité de professionnels compétents. Tantôt ce sont les professeurs d’histoire de la musique qui héritent de cette tâche, tantôt les professeurs d’analyse musicale. Dans tous les cas on constate une totale ignorance des techniques de base de la recherche bibliographique chez les élèves comme chez les professeurs.
L’organisation, très prenante, de visites de la bibliothèque, ne peut en aucun cas suffire et les bibliothécaires n’ont pas assez de temps, ni, souvent, de légitimité, pour assurer cette formation. La responsable de la bibliothèque de la Juilliard School à New York, rappelle son expérience et la difficulté qu’il y a à intéresser des interprètes à la discipline bibliographique. Et pourtant on finit par faire comprendre qu’un musicien consolide sa pratique par une connaissance critique des sources et une capacité à diversifier son répertoire.

Compte-rendu par Elisabeth Giuliani

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