Documentation professionnelle

12. Questions de formation en Italie et en Afrique du Sud

Session de la Commission formation, présidentes Christiane Kriloff, Conservatoire national supérieur musique et danse, Lyon et Mary Wallace Davidson, Indiana University School of Music, Bloomington

1. La certification des professionnels de la documentation musicale et le système de certification européen (CERTIDoc)
Ferrucio Diozzi, président CERTIDoc, Italie

CERTIDoc  : http://www.certidoc.net/index.php
La certification, c’est à dire l’identification et la validation des compétences des professionnels de l’information et de la documentation est une méthode qui permet :

  • d’identifier leurs compétences
  • de valoriser leur image de marque sociale
  • de garantir leur sérieux auprès des usagers et des clients
  • de promouvoir, dans leur secteur, la mobilité à l’échelon européenne

Ces deux dernières années, le système européen de certification des professionnels de l’information-documentation s’est développé de façon importante avec la naissance de Certidoc Italia.

CERTIDoc Italia a été créée le 29 novembre 2006 par AIDA (Associazione Italiana per la Documentazione Avanzata), AIDB (Associazione Italiana Documentalisti Brevettuali), GIDIF RBM (Gruppo Italiano Documentalisti dell’industria Farmaceutica e degli Istituti di Ricerca Biomedica), IAML-Italia. Cette association a été agréée par le consortium CERTIDoc en juillet 2007.
CERTIDoc Italia a mis en place les méthodologies pour identifier les compétences des professionnels de l’information et documentation en tenant compte :

  • de la spécificité italienne
  • des traditions et approches propres à chaque groupe professionnel

En particulier, en ce qui concerne les collègues des bibliothèques, centres de documentation et archives musicaux, CERTIDoc Italia a :

  • souligné ce qui caractérise ce secteur en Italie
  • repéré les expériences des autres pays
  • considéré les difficultés possibles

Il en résulte que CERTIDoc Italia a déclaré le modèle CERTIDoc efficace pour garantir la certification des professionnels de la documentation musicale et attend actuellement les résultats de la première session italienne (qui a débuté en mars 2008) pour l’évaluer et prendre en compte toutes les améliorations possibles.

2. Les bibliothèques musicales en Afrique du Sud : leur isolement institutionnel et géographique
Fiona Still-Drewett, Music librarian, Rhodes University

Le sujet de cette intervention est l’isolement dans le métier de bibliothécaire musical en Afrique du sud.
Comment peut-on imaginer qu’au 21e siècle, caractérisé par la communication, un bibliothécaire musical puisse se sentir professionnellement isolé ?
Nous allons analyser la notion d’ « isolement » en particulier dans les bibliothèques musicales de l’enseignement supérieur.
Nous étudierons à quel point cet isolement est perçu, ses raisons et les solutions à apporter.

Les bibliothèques musicales ont commencé à se développer dans les universités sud africaines dans la première moitié du 20e siècle.
Le développement d’une culture musicale, le nombre croissant d’étudiants ont favorisé le développement de ces bibliothèques. On peut citer les cas des bibliothèques des universités de Stellenbosch (1934), Cape Town (W. H. Bell music library, 1943), Kwa-Zulu Natal (1972).
Une dizaine d’autres établissements d’enseignement supérieur ont des bibliothèques musicales de tailles et de statuts divers.
Nous considérerons plus en détail le cas de deux bibliothèques musicales, du point de vue de l’ « isolement » : la petite Rhodes University Music Library, située à Grahamstown  et la W. H. Belle Music Library à l’Université de Cape Town.
La dissémination géographique de ces institutions favorise la sensation d’isolement professionnel. Tous les bibliothécaires musicaux n’ont pas les moyens d’assister au congrès annuel de la « South African Society in Research in Music » pour des raisons de coût et de manque de personnel.
La deuxième cause de la sensation d’isolement est due à la prise en compte par la bibliothèque universitaire centrale de  la bibliothèque du département musique qui varie beaucoup selon les institutions.
A l’Université de Cape Town, les bibliothécaires musicaux sont partie prenante dans toutes les décisions. Julie Strauss mentionne par exemple que le directeur de la bibliothèque soutient ses participations régulières aux congrès annuels de l’American Music Library Association et encourage ainsi le développement professionnel et l ‘éveil aux nouvelles technologies ce qui est tout bénéfice pour la bibliothèque.
L’Université de Rhodes est considérée comme faisant partie des six principales universités d’Afrique du sud, avec encore un nombre restreint d’étudiants, ce qui explique que le département de la musique soit resté petit et en conséquence, la bibliothèque musicale ne s’est pas développée en une véritable bibliothèque de section dans ses locaux propres. Cette partie musicale de la bibliothèque est restée sans reconnaissance, victime d’une politique de non catalogage des partitions et sans recrutement de personnel spécialisé jusqu’en 1999 où a été confié au département de la musique la charge d’héberger  les fonds, avec un meilleur équipement, du matériel informatique, des accès internet et du personnel. Récemment la bibliothèque musicale a été aidée pour rendre les collections accessibles électroniquement et pour recruter du personnel.

D’autres facteurs :
La qualité de gestion et de direction de la bibliothèque universitaire
Les différentes personnalités de l’équipe concernée et son professionnalisme
Le fait que la musique possède un langage et une notation propres creuse encore l’écart entre les bibliothécaires musicaux et leurs collègues.

Les bibliothécaires musicaux ont une longue tradition de tentatives d’organisation collective. Serait-ce notamment du à cette sensation partagée d’isolement ?
1982 : formation de MUSLIG , groupement d’intérêt pour les bibliothécaires musicaux
1987 : MUSLIG devient une association nationale : SAMLA (South African Music Libraries Association) ; Après un pic d’adhésions en 1994, SAMLA, au gré des incertitudes politiques et des profonds changements du pays lui-même ressent le besoin d’une profonde transformation. L’association est suspendue.
Il faudra 9 ans aux bibliothécaires musicaux sud-africains pour rétablir une activité associative.
2005 : une Table ronde des bibliothécaires musicaux sud-africains réunit un petit nombre d’entre eux à Cape Town. A l’occasion du congrès annuel de la Société de musicologie sud-africaine, Julie Strauss propose de saisir l’opportunité de réunir les bibliothécaires musicaux..
Ils décidèrent de se réunir une fois par an sous le nom de MLIGSA (Music Librarians Interest Group of Southern Africa). Le groupe reste indépendant de la LIASA. mais se rapproche de la SASRIM (South African Society of research in Music) aux congrès de laquelle ses membres sont conviés.
La création du MLIGSA, groupe indépendant, a rétabli la communication entre les bibliothécaires musicaux sud-africains. Ils peuvent partager les innovations et les problèmes communs, se rencontrer annuellement en faisant coïncider leur réunion avec le congrès annuel de la SASRIM.
Les bénéfices de ces contacts au niveau local et international sont inestimables pour les bibliothécaires musicaux sud-africains. Cela permet d’apprendre à travailler différemment mais aussi à conforter son expérience en termes technologiques.
Un autre aspect de la sensation collective d’isolement concerne la formation et la manière de travailler. Les bibliothécaires qui ont reçu une formation de qualité paraissent plus motivés et plus impliqués dans la profession. La curiosité professionnelle pour de nouvelles initiatives et de nouvelles technologies et l’envie de la partager avec les collègues permet de rompre l’isolement.
Le nombre d’établissements de formation professionnelle a décru ces 20 dernières années.
La pénurie de postes, la fausse idée qu’à l’ère d’internet on pourra se passer de bibliothécaires et la réorganisation de l’enseignement supérieur expliquent la diminution du nombre d’étudiants
Au moment où, dans la société, les besoins en information et les services des bibliothèques en matière d’éducation augmentent, le « South African National Council for Library and Information Services » projette d’enquêter sur la fermeture imminente des écoles de bibliothécaires et de se pencher sur les grandes lignes d’un cursus approprié. Les établissements supérieurs vivent une diminution du nombre de bibliothécaires professionnels
Les membres du Département de l’Information et des Etudes Bibliothéconomiques de l’Université de Cape Town notent : les bibliothèques universitaires déplorent leur incapacité de pourvoir les postes des services techniques, des services de références, de catalogage etc… « the cataloging population is old and grey and retiring ». Même les écoles existantes n’offrent plus toutes des formations comme le catalogage. Il est intéressant de remarquer que certains établissements supérieurs promeuvent activement la profession.
La diminution du nombre de bibliothécaires pourrait affecter la diminution des bibliothécaires musicaux. Ce serait une bonne chose si un plus grand nombre de diplômés en musique embrassait la carrière de bibliothécaire musical où ils pourraient mettre en pratique leurs compétences.
Il n’y a pas de formation spécifique aux bibliothécaires musicaux en Afrique du sud, la plupart des écoles de bibliothécaires ne font que survoler le traitement de la musique imprimée et des documents audiovisuels. Les étudiants apprennent les règles de base du métier et se forment sur le tas pour leur spécialité. L’Université de Cape Town offre la possibilité aux étudiants en musique de passer le diplôme supérieur de bibliothécaire en même temps que leur diplôme de musicien
Malheureusement le Département d’information et d’études bibliothéconomiques de l’Université de Cape Town est menacé de fermeture et pourrait bien, à l’horizon de 2010 figurer sur la liste de fermeture des écoles de bibliothécaires en Afrique du sud.

En conclusion :
L’avenir des bibliothèques musicales en Afrique de sud est incertain et menacé de suppressions de postes, du manque de soutien  institutionnel, de l’augmentation des coûts due aux problèmes économiques mondiaux et à l’instabilité politique du pays ;
Cependant les bibliothécaires sud africains ont besoin d’aller de l’avant : le regroupement associatif de 2005 et l’augmentation des opportunités de rencontres sont très encourageants.

L’idée innovante de promouvoir la profession auprès des jeunes est un bon début, mais il faudrait plus de moyens. Une approche dynamique du métier, la recherche de méthodes innovantes et la présence aux conférences nationales et internationales sont des manières de combattre l’isolement, et d’aider la profession à se consolider.
En matière de formation, l’envoi par une école de bibliothécaires d’un enseignant formateur  pour former et aider les bibliothécaires musicaux sur le terrain pourrait être une stratégie future de formation professionnelle.

La plupart des sujets dont nous discutons sont communs à tous les bibliothécaires musicaux du monde, et ne serions-nous pas isolés simplement du fait de notre spécialisation ?
Je voudrais suggérer que ce sujet soit discuté dans un forum international.

Les bibliothèques musicales en Afrique du Sud : leur isolement institutionnel et géographique
Fiona Still-Drewett, Music librarian, Rhodes University

Le sujet de cette intervention est l’isolement dans le métier de bibliothécaire musical en Afrique du sud.
Comment peut-on imaginer qu’au 21e siècle, caractérisé par la communication, un bibliothécaire musical puisse se sentir professionnellement isolé ?
Nous allons analyser la notion d’ « isolement » en particulier dans les bibliothèques musicales de l’enseignement supérieur.
Nous étudierons à quel point cet isolement est perçu, ses raisons et les solutions à apporter.

Les bibliothèques musicales ont commencé à se développer dans les universités sud africaines dans la première moitié du 20e siècle.
Le développement d’une culture musicale, le nombre croissant d’étudiants ont favorisé le développement de ces bibliothèques. On peut citer les cas des bibliothèques des universités de Stellenbosch (1934), Cape Town (W. H. Bell music library, 1943), Kwa-Zulu Natal (1972).
Une dizaine d’autres établissements d’enseignement supérieur ont des bibliothèques musicales de tailles et de statuts divers.
Nous considérerons plus en détail le cas de deux bibliothèques musicales, du point de vue de l’ « isolement » : la petite Rhodes University Music Library, située à Grahamstown  et la W. H. Belle Music Library à l’Université de Cape Town.
La dissémination géographique de ces institutions favorise la sensation d’isolement professionnel. Tous les bibliothécaires musicaux n’ont pas les moyens d’assister au congrès annuel de la « South African Society in Research in Music » pour des raisons de coût et de manque de personnel.
La deuxième cause de la sensation d’isolement est due à la prise en compte par la bibliothèque universitaire centrale de  la bibliothèque du département musique qui varie beaucoup selon les institutions.
A l’Université de Cape Town, les bibliothécaires musicaux sont partie prenante dans toutes les décisions. Julie Strauss mentionne par exemple que le directeur de la bibliothèque soutient ses participations régulières aux congrès annuels de l’American Music Library Association et encourage ainsi le développement professionnel et l ‘éveil aux nouvelles technologies ce qui est tout bénéfice pour la bibliothèque.
L’Université de Rhodes est considérée comme faisant partie des six principales universités d’Afrique du sud, avec encore un nombre restreint d’étudiants, ce qui explique que le département de la musique soit resté petit et en conséquence, la bibliothèque musicale ne s’est pas développée en une véritable bibliothèque de section dans ses locaux propres. Cette partie musicale de la bibliothèque est restée sans reconnaissance, victime d’une politique de non catalogage des partitions et sans recrutement de personnel spécialisé jusqu’en 1999 où a été confié au département de la musique la charge d’héberger  les fonds, avec un meilleur équipement, du matériel informatique, des accès internet et du personnel. Récemment la bibliothèque musicale a été aidée pour rendre les collections accessibles électroniquement et pour recruter du personnel.

D’autres facteurs :

La qualité de gestion et de direction de la bibliothèque universitaire
Les différentes personnalités de l’équipe concernée et son professionnalisme
Le fait que la musique possède un langage et une notation propres creuse encore l’écart entre les bibliothécaires musicaux et leurs collègues.

Les bibliothécaires musicaux ont une longue tradition de tentatives d’organisation collective. Serait-ce notamment du à cette sensation partagée d’isolement ?
1982 : formation de MUSLIG , groupement d’intérêt pour les bibliothécaires musicaux
1987 : MUSLIG devient une association nationale : SAMLA (South African Music Libraries Association) ; Après un pic d’adhésions en 1994, SAMLA, au gré des incertitudes politiques et des profonds changements du pays lui-même ressent le besoin d’une profonde transformation. L’association est suspendue.
Il faudra 9 ans aux bibliothécaires musicaux sud-africains pour rétablir une activité associative.
2005 : une Table ronde des bibliothécaires musicaux sud-africains réunit un petit nombre d’entre eux à Cape Town. A l’occasion du congrès annuel de la Société de musicologie sud-africaine, Julie Strauss propose de saisir l’opportunité de réunir les bibliothécaires musicaux..
Ils décidèrent de se réunir une fois par an sous le nom de MLIGSA (Music Librarians Interest Group of Southern Africa). Le groupe reste indépendant de la LIASA. mais se rapproche de la SASRIM (South African Society of research in Music) aux congrès de laquelle ses membres sont conviés.
La création du MLIGSA, groupe indépendant, a rétabli la communication entre les bibliothécaires musicaux sud-africains. Ils peuvent partager les innovations et les problèmes communs, se rencontrer annuellement en faisant coïncider leur réunion avec le congrès annuel de la SASRIM.
Les bénéfices de ces contacts au niveau local et international sont inestimables pour les bibliothécaires musicaux sud-africains. Cela permet d’apprendre à travailler différemment mais aussi à conforter son expérience en termes technologiques.
Un autre aspect de la sensation collective d’isolement concerne la formation et la manière de travailler. Les bibliothécaires qui ont reçu une formation de qualité paraissent plus motivés et plus impliqués dans la profession. La curiosité professionnelle pour de nouvelles initiatives et de nouvelles technologies et l’envie de la partager avec les collègues permet de rompre l’isolement.
Le nombre d’établissements de formation professionnelle a décru ces 20 dernières années.
La pénurie de postes, la fausse idée qu’à l’ère d’internet on pourra se passer de bibliothécaires et la réorganisation de l’enseignement supérieur expliquent la diminution du nombre d’étudiants
Au moment où, dans la société, les besoins en information et les services des bibliothèques en matière d’éducation augmentent, le « South African National Council for Library and Information Services » projette d’enquêter sur la fermeture imminente des écoles de bibliothécaires et de se pencher sur les grandes lignes d’un cursus approprié. Les établissements supérieurs vivent une diminution du nombre de bibliothécaires professionnels.

Les membres du Département de l’Information et des Etudes Bibliothéconomiques de l’Université de Cape Town notent : les bibliothèques universitaires déplorent leur incapacité de pourvoir les postes des services techniques, des services de références, de catalogage etc… « the cataloging population is old and grey and retiring ». Même les écoles existantes n’offrent plus toutes des formations comme le catalogage. Il est intéressant de remarquer que certains établissements supérieurs promeuvent activement la profession.
La diminution du nombre de bibliothécaires pourrait affecter la diminution des bibliothécaires musicaux. Ce serait une bonne chose si un plus grand nombre de diplômés en musique embrassait la carrière de bibliothécaire musical où ils pourraient mettre en pratique leurs compétences.
Il n’y a pas de formation spécifique aux bibliothécaires musicaux en Afrique du sud, la plupart des écoles de bibliothécaires ne font que survoler le traitement de la musique imprimée et des documents audiovisuels. Les étudiants apprennent les règles de base du métier et se forment sur le tas pour leur spécialité. L’Université de Cape Town offre la possibilité aux étudiants en musique de passer le diplôme supérieur de bibliothécaire en même temps que leur diplôme de musicien
Malheureusement le Département d’information et d’études bibliothéconomiques de l’Université de Cape Town est menacé de fermeture et pourrait bien, à l’horizon de 2010 figurer sur la liste de fermeture des écoles de bibliothécaires en Afrique du sud.

En conclusion :

L’avenir des bibliothèques musicales en Afrique de sud est incertain et menacé de suppressions de postes, du manque de soutien  institutionnel, de l’augmentation des coûts due aux problèmes économiques mondiaux et à l’instabilité politique du pays ;
Cependant les bibliothécaires sud africains ont besoin d’aller de l’avant : le regroupement associatif de 2005 et l’augmentation des opportunités de rencontres sont très encourageants.

L’idée innovante de promouvoir la profession auprès des jeunes est un bon début, mais il faudrait plus de moyens. Une approche dynamique du métier, la recherche de méthodes innovantes et la présence aux conférences nationales et internationales sont des manières de combattre l’isolement, et d’aider la profession à se consolider.
En matière de formation, l’envoi par une école de bibliothécaires d’un enseignant formateur  pour former et aider les bibliothécaires musicaux sur le terrain pourrait être une stratégie future de formation professionnelle.

La plupart des sujets dont nous discutons sont communs à tous les bibliothécaires musicaux du monde, et ne serions-nous pas isolés simplement du fait de notre spécialisation ?
Je voudrais suggérer que ce sujet soit discuté dans un forum international.

Compte rendu de session : Christiane Kriloff

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