Documentation professionnelle

Lundi 23 juillet

Session inaugurale

Peter Wollny, La vie musicale de Leipzig reflétée par ses collections
La ville de Leipzig rassemble plusieurs collections musicales d’importance conservées dans plusieurs institutions :

  • Ouverte en 1711 aux chercheurs, la bibliothèque municipale comporte un fonds musical constitué en département à part entière en 1953. Il conserve 60 000 manuscrits musicaux
  • la bibliothèque des éditions Peters, fondée en 1883, rassemble 8 000 livres sur la musique, mais aussi des manuscrits de Bach, Schubert, Mendelssohn,… Une partie de ces collections ont été intégrées à la bibliothèque publique dans les années 1950. La collection fut acquise complètement et officiellement par la ville de Leipzig en 2003.
  • la bibliothèque universitaire a été fondée au XVe siècle et conserve des documents très importants, comme le Codex Apel, l’un des plus anciens de la collection, qui documente la diffusion de la musique polyphonique en Saxe. la bibliothèque conserve également des manuscrits anciens des principales églises de Leipzig datant d’avant la Réforme, des manuscrits de clavecin et d’orgue de Bach, des opéras de Hasse
  • la bibliothèque du conservatoire Mendelssohn rassemble conserve notamment un important ensemble de programmes de concerts organisés par les élèves et les professeurs
  • Archives de Bach
  • Bibliothèque nationale

Ingrid Jach, Le Conservatoire Mendelssohn de Leipzig
Le Conservatoire de Leipzig est issu d’un legs financier important fait en 1839 par Blümner et a été fondé par Felix Mendelssohn. Il a ouvert officiellement le 2 avril 1843. Il fut ouvert très largement aux étudiants du monde entier : 40% des étudiants étaient étrangers dès son ouverture. Le conservatoire rencontra un indéniable succès en Allemagne comme à l’étranger. Il traversa plusieurs crises dues à l’augmentation du nombre d’élèves sans recrutement de professeurs supplémentaires. Des critiques se firent ensuite jour sur un enseignement jugé conservateur.
Le manque d’espace amené à la construction d’un nouveau bâtiment à la fin du XIXe siècle. Pendant la seconde guerre mondiale, plusieurs professeurs démissionnèrent de leur poste, étant en désaccord avec la mise en place du certificat d’arianisme institué par le régime nazi. Le bâtiment fut en grande partie détruit par les bombardements en 1944 et l’enseignement fut délocalisé à l’université avant que celle-ci ne soit fermé également en 1944. Les cours ne purent reprendre qu’en septembre 1946.

Barbara Wiermann, Numériser les sources de la musique en Saxe
Depuis 2015, en collaboration avec la bibliothèque publique de Leipzig et 25 institutions, l’état de Saxe porte un projet de numérisation des collections bibliographiques. Ce projet ne porte pas que sur des collections musicales, mais sur tout type de documents, dessins, textiles,… Le résultat de la numérisation est accessible sur le site sachsen.digital ainsi que sur Europeana.

Le rôle des bibliothèques musicales : passé et présent

Stéphanie Merakos, Les archives musicales grecques

La bibliothèque musicale de Grèce a été fondée dans la deuxième moitié du XXe siècle à l’initiative des amis de la société musicale pour pallier l’absence d’institution spécialisée dans la conservation de la musique. Les Archives musicales grecques ont été d’emblée intégrées dans cette bibliothèque. Son objectif était de collecter tout document relatif à la musique grecque, de quelque époque ou genre que ce soit. Elle conserve ainsi tous types de documents (livres, partitions, manuscrits, périodiques, iconographie,…) sur la musique byzantine et pré-byzantine, sur la musique folklorique, néohellenique,… La collection de musique moderne et contemporaine comporte notamment de nombreuses sources inédites. La partie la plus précieuse de cet ensemble concerne les fonds de musiciens grecs, la plupart issus de donations, contenant manuscrits et fonds d’archives. On y trouve notamment les archives de Mikis Theodorakis
Plusieurs projets de valorisation et de diffusion des collections ont été mis en place :

  • une base de données sur les instruments de musique byzantine, développée à partir de l’iconographie, notamment celle présente dans les manuscrits
  • une base de données multimédia sur la musique traditionnelle, contenant des enregistrements video, visibles également dans Euopeana
  • numérisation de la collection de chansons populaires grecques (musique légère), disponible sur Europeana
  • numérisation d’un millier de programmes de concerts et ephemera, disponibles sur le site web
  • une base de données bibliographique sur les journaux et périodiques
  • numérisation d’une sélection d’enregistrements sonores, publiés ou non

Mari Itho, Les bibliothèques musicales académiques au Japon dans les années 1960 et 1970
La bibliothèque Nanki a été la première bibliothèque musicale à être créée avant la seconde guerre mondiale, en 1918. La compagnie de radio NHK fonda, elle, sa bibliothèque seulement en 1939.
C’est à partir des années 1960, en pleine période de croissance économique et d’augmentation de la population étudiante que furent créés simultanément les cursus universitaires en musique et musicologie ainsi que les bibliothèques musicales permettant aux étudiants d’accéder à la documentation : la bibliothèque du Kunitachi College of Music, celle du Musashino Academia Musicae et celle de l’Osaka College of Music.
L’association des bibliothèques musicales japonaises fut ensuite créée en 197, puis la branche japonaise de IAML en 1979.
Comme le révèle notamment une enquête menée auprès de plusieurs anciens directeur de ces institutions musicales, la plupart des collections rassemblées dans les bibliothèques fondées à cette époque se concentrèrent principalement sur la musique occidentale car leurs responsables avaient fait leurs études en occident (Paris, Fribourg et New York).

Diaporama disponible ici.

Memory Apata, Faire du bruit : échos du mouvement pour les droits civils à la bibliothèque musicale du collège de Dartmouth
En réponse aux protestations du mouvement Black lives matter jusque dans les locaux de la bibliothèque de Dartmouth, la bibliothèque musicale a mis en place un rendez-vous hebdomadaire de musique et chant à partir des compositions issues du mouvement des droits civils. L’organisation de cet événement a obtenu de soutien de l’administration. Il permet de montrer que la bibliothèque n’est pas une institution apolitique mais qu’elle peut, à travers la pratique musicale, jouer un rôle dans le processus transmissions de l’histoire, de réparation historique et de reconstruction du lien social.

Diaporama disponible ici.

Ressources en ligne et enseignement

Erin CONOR (University of Washington, Seattle), Critical Information literacy in the music classroom.

L’intervention portait sur le nouveau rôle du bibliothécaire et l’enseignement de compétences informationnelles.
La médiation en bibliothèque était quasiment exclusivement sur les sources et les outils.
Issue de l’enseignement de la pensée critique, le Critical Information Literacy (CIL), propose une nouvelle approche, centrée sur l’étudiant qui devient un acteur en étant amené à partager ses expériences en bibliothèque pour arriver à résoudre un problème posé, en groupe. Le but est d’amener les étudiants à examiner de façon critique leur discipline (examen de sources controversées, de la structure et des citations, comment les orientations de la discipline impactent le processus de recherche…), alors et parce qu’ils ont un accès immédiat à un nombre considérable de ressources en ligne.
Changement fondamental, le CIL remet en cause l’idée de neutralité du bibliothécaire au sein du dispositif d’enseignement. En s’orientant dans cette direction, encore peu pratiquée en musique, les bibliothécaires s’efforcent d’aider les étudiants à reconnaître la politique et la dynamique de pouvoirs inhérentes à la création et à la diffusion de l’information.
Après un panorama historique de cette évolution pédagogique, Erin Conor donnait à réfléchir sur les moyens d’adapter cette pédagogie au sein de la bibliothèque de musique.
Cette intervention passionnante et claire ouvre de nouvelles perspectives : cette approche très anglo-saxonne issue de l’enseignement de la pensée critique dès les petites classes peut
être transposée dans nos bibliothèques, en gardant toutefois à l’esprit que nos étudiants et nos enseignants n’ont pas tous cette culture du « Critical Thinking ».

Diaporama disponible ici.

Phillipa McKeow-Green et Nancy November (University of Auckland), Learning enhancement video project.
Retour d’expérience sur un projet de Vidéo de la bibliothèque de musique de l’Université d’Auckland, dans le but d’engager les étudiants de premier cycle dans la découverte des ressources de la bibliothèque musicale. Les deux intervenantes partaient de la constatation que, malgré des tutoriels et des ateliers en bibliothèque, les étudiants reviennent avec les mêmes questions au moment de préparer (ou rendre…) leurs essais ou leur mémoire de recherche.
L’élaboration de tutoriels , chronophage et énergivore ne semble pas être efficace. Le résultat final de cette expérience : des vidéos clips de 3 à 4 minutes autour des thématiques suivantes : identifier différentes sortes de partitions musicales, comprendre la différence entre sources primaires et secondaires dans le domaine musical, qu’est-ce qu’une édition monumentale, une édition critique, évaluer la littérature sur la musique trouvée sur Internet. Un buste de Beethoven se promène dans la bibliothèque et interroge autour des problématiques ci-dessus en proposant des exemples concrets…
L’intérêt était plutôt dans la préparation du scénario qui amenait les étudiants (en premier cycle) à se poser des questions sur les ressources proposées par la bibliothèque et leur utilité, que dans le résultat final qui a au final demandé beaucoup d’énergie et dont la portée pédagogique restait tout de même limitée.
La table ronde a rassemblé les intervenantes et il a été question principalement de services et de pédagogie en libre accès : création de sites web pour les cours, (webs.com vs libguides,
moodle vs leganto…) et de l’intégration de ces services du côté des bibliothèques dans le dispositif plus général des cours universitaires.

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