Documentation professionnelle

1. De nouvelles références musicales dans BN-Opale Plus : l’apport des conversions rétrospectives du département de la Musique dans le catalogue informatisé de la BnF

Depuis une quinzaine d’années, une partie des références des documents conservés au département de la Musique est accessible dans les catalogues en ligne de la Bibliothèque nationale de France (et dans le seul catalogue BN-Opale Plus depuis janvier 2006). Il reste qu’une grande majorité des documents de ce même département n’est référencée que dans des catalogues sur fiches (alimentés jusqu’en 1992, date du microfilmage du fichier), dont certains consultables dans la seule salle de lecture. Pour pallier ce problème, le département de la Musique s’est lancé depuis plusieurs années dans une vaste entreprise d’informatisation de ces catalogues. Le bilan provisoire de ces conversions rétrospectives est ici présenté.

Le chantier 2002-2004

Le premier chantier d’informatisation à avoir été entrepris concernait deux ensembles, représentant environ 50 000 notices :

  • la Bibliographie nationale française – Supplément musique depuis 1946 (date de création du supplément) jusqu’à 1982, la suite étant déjà présente dans le catalogue en ligne ;
  • le fichier dit de « Musique légère » (chansons et petites pièces publiées en feuilles) pour la période 1946-1966. Il fut complété par le traitement dans une base Access, puis le chargement dans le catalogue, d’environ 30 000 notices de musique concernant le même type de répertoire, entrées par dépôt légal pendant les années 1967 à 1990.

Le versement en 2004-2005 des notices résultantes dans le catalogue en ligne permet désormais d’avoir accès dans BN-Opale Plus à la totalité des références de la production musicale éditée en France de 1946 à nos jours.

Le chantier 2005-2006

Le second projet achevé en 2006 et dont les notices sont accessibles dans BN-Opale Plus depuis mai 2007 concerne deux ensembles :

La musique imprimée ancienne

Le Catalogue de la musique imprimée avant 1800 conservée dans les bibliothèques publiques de Parispréparé sous la direction de François Lesure et publié en 1981 par la Bibliothèque nationale comporte plus de 15 000 notices. Il référence un grand nombre d’éditions anciennes publiées aussi bien en France qu’en Italie, en Allemagne et en Angleterre (par exemple les œuvres de Janequin, Lully, Du Mont, Rameau, Monteverdi et les madrigalistes, Händel, Haydn ou Mozart), éditions conservées à la Bibliothèque nationale de France (département de la Musique, mais également à la Bibliothèque-Musée de l’Opéra et à la Bibliothèque de l’Arsenal) ainsi qu’à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, à la Bibliothèque Mazarine, à la Bibliothèque du Sénat, etc. Consacré à ce qu’il est convenu d’appeler les monographies, il ne comporte pas d’index et ne permet la recherche que par nom de compositeur et, pour les anonymes, par titre. Sa conversion a permis d’enrichir considérablement les moyens d’accès aux notices. Désormais, sont donc interrogeables :

  • les titres ou mots du titre seuls ;
  • les auteurs secondaires : librettistes, paroliers, arrangeurs, graveurs de musique, etc.
  • les cotages
  • les numéros de catalogues thématiques, pour les œuvres de Boccherini, Haydn, Mozart et Pleyel (les seuls qui étaient indiqués dans le catalogue imprimé).

En parallèle, afin de faciliter la lecture des notices, leur affichage a été amélioré :

  • Les notes de datation, qui précisent les références des périodiques du XVIIIe siècle annonçant les éditions cataloguées (Annonces, affiches et avis diversJournal de ParisMercure de France, etc.) s’affichent en toutes lettres.
  • Les éditions successives d’une même œuvre (Sonates op. 5 de Corelli, opéras de Lully, etc.) donnent lieu à autant de notices distinctes.
  • Dans les notices d’exemplaires, les particularités (parties séparées manquantes, en double, etc.) s’affichent directement à la suite de la cote concernée.

Les références des exemplaires hors BnF ont été conservées, mais seulement en note dans les notices bibliographiques, BN-Opale Plus ayant pour vocation de donner accès aux références de documents de la seule BnF.

Les lettres autographes

Les très importants fonds de correspondances de musiciens ou de personnalités ayant trait au monde de la musique étaient accessibles via différents catalogues publiés ou manuscrits, qui ont tous été informatisés :

  • La première série de lettres, cotée LA, et dans laquelle figure entre autres les correspondances de Berlioz, Debussy, Meyerbeer ou Ravel, avait fait l’objet d’un précieux catalogue publié par Antoine Bloch-Michel, mais lacunaire pour certaines informations (prénoms complets du destinataire, date et lieu d’envoi, etc.). Le choix s’est donc porté sur la conversion du catalogue manuscrit d’origine qui comportait ces informations lorsqu’elles étaient connues. Chacune des 31 000 lettres de cette série fait l’objet d’une notice distincte, interrogeable notamment par son auteur, mais aussi par son destinataire, voire son lieu ou sa date d’envoi.
  • La série suivante des Nouvelles lettres autographes, cotée NLA, ainsi que celle de la correspondance reçue par Nadia Boulanger, avaient fait l’objet de catalogues manuscrits sur fiches. Ceux-ci ont été convertis selon les mêmes principes que pour la première série, mais les notices regroupent le plus souvent un ensemble de plusieurs lettres d’un même auteur adressées à un même destinataire (Gabriel Fauré à son épouse Marie Fauré, Marguerite Yourcenar à Jane Bathory, Igor Stravinsky à Nadia Boulanger).

Grâce à la conversion de ces catalogues et fichiers, complétée par le catalogage courant en ligne des documents entrés depuis 1994, c’est l’ensemble du fonds de lettres autographes du département de la Musique qui est désormais référencé sur internet.

La conversion du Fichier général Auteurs et Anonymes

Le nouveau projet concerne l’informatisation de l’imposant fichier général Auteurs et Anonymes. Ce dernier représente le catalogue principal du département de la Musique, tant pour la musique manuscrite ou imprimée, que pour les livres, les articles de périodiques, les manuscrits littéraires, les dossiers d’archives, etc. La simple volumétrie de ce fichier est en soit un problème à affronter :

  • 621 tiroirs
  • environ 875 000 fiches
  • 750 000 notices à traiter
  • environ 600 000 notices bibliographiques fournies au terme du projet.

Mais cette difficulté n’est pas la seule. D’autres viennent s’y ajouter :

  • L’état de certaines fiches : la rédaction du catalogue ayant commencé à la fin du XIX e siècle, certaines fiches se sont détériorées du fait de leur manipulation intensive à travers les décennies et certaines informations qui y figuraient ont disparu (début du titre, partie du nom du compositeur, etc.). Le prestataire titulaire du marché, Jouve, devra faire appel au cours de la saisie au département de la Musique pour rétablir les éléments disparus.
  • L’hétérogénéité dans la présentation des fiches : l’ancienneté du catalogue explique aussi la disparité dans les manières de cataloguer employées au cours d’un siècle : notices simples ou très détaillées, notices rédigées en suivant l’ISBD ou non, toutes seront prises en compte. Cette difficulté se double de problèmes de lectures dus aux multiples graphies des fiches, dont certaines sont difficilement lisibles.
  • La présence de caractères non-latins : de nombreuses fiches portent des informations en caractères non-latins ou sont parfois intégralement en caractères non-latins. Seuls les caractères qui peuvent être traités par Jouve et qui peuvent être aisément affichables dans BN-Opale Plus seront saisis : le cyrillique (qui concerne 95 % des fiches portant des caractères non-latins), le grec, l’hébreu, l’arabe, le chinois et le japonais. Tous les autres caractères (tamoul, coréen, arménien, etc.) seront remplacés dans la zone concernée par le caractère @, les informations en caractères latins étant les seules saisies.
  • La longueur de certaines notices : le catalogage au département de la Musique a pris en compte dès l’origine, pour les besoins de la recherche, la description pièce à pièce du contenu d’un même document ou recueil, certaines notices couvrant ainsi plusieurs dizaines de fiches (jusqu’à près de 100 pour les plus longues). Elles sont intégralement saisies par le prestataire, chaque œuvre détaillée faisant l’objet d’une notice analytique rattachée à la notice générale.
  • Des informations non normalisées : le nom des auteurs ou des compositeurs a souvent été pris sur les fiches tel qu’il se présentait sur le document, sans normalisation ni harmonisation d’une fiche à l’autre. Afin de régler en partie ce problème et d’éviter de nombreux doublons de noms d’auteurs, l’équipe du département de la Musique a réalisé un important travail de mise à niveau du fichier en insérant, lorsque cela était possible, des intercalaires portant la forme normalisée des noms d’auteurs (notamment pour les auteurs et compositeurs dont le nom peut rencontrer de nombreuses variantes orthographiques) ainsi que les dates de naissance et de mort lorsqu’elles pouvaient être trouvées dans les ouvrages de référence. Cette forme normalisée sera retenue par le prestataire dans toutes les notices concernées jusqu’à l’apparition de l’intercalaire indiquant la fin des œuvres de cet auteur. Un système équivalent a été mis en place pour générer des Titres uniformes musicaux, essentiellement pour les opéras et autres œuvres scéniques.
  • Des notices déjà présentes dans BN-Opale Plus : certaines fiches correspondent à des notices déjà présentes dans le catalogue informatisé, notamment lorsque les fiches ont déjà fait l’objet d’une rétroconversion, comme c’est le cas pour les notices des livres conservés sur le site François-Mitterand ou pour les notices de la Bibliographie de la France – Musique. Dans ce cas, le prestataire récupère la notice existante (sur la base de critères précis : cote identique, début de titre identique, etc.) et y ajoute les informations supplémentaires qui figurent sur les fiches du département de la Musique : indexation matière, dépouillements de pièces musicales, zones de notes, nouvelles cotes, etc. Un autre cas concerne les manuscrits musicaux du Répertoire International des Sources Musicales, en cours de recatalogage. Les fiches concernées, pour les compositeurs dont le nom commence par les lettres A à G, ont été marquées d’un signe distinctif signifiant qu’elles ont été écartées de la saisie.
  • Le dédoublonnage des notices : pour faciliter la recherche, un catalogue sur fiches nécessite de multiplier les points d’accès en multipliant les fiches secondaires : auteurs secondaires (collaborateurs, paroliers, librettistes, éditeurs intellectuels, compositeurs présents dans un recueil collectif,…), titres, indexations matières,…. Dans le catalogue informatisé, une seule notice suffit, les différentes informations étant interrogeables via les index. Ces différentes fiches deviennent donc caduques. Mais certaines informations qui y figurent sont parfois plus riches ou plus détaillées que sur la fiche principale, d’où l’intérêt de les faire saisir sans pour autant les conserver comme notices à part entière. Une fois saisies, les informations qui figurent sur ces fiches secondaires viendront donc enrichir la notice principale après un rapprochement effectué entre les différentes notices sur la base des cotes identiques.

Bien évidemment, cette vaste entreprise demande du temps. Après la rédaction du cahier des charges et la préparation du fichier en 2005-2006, le prestataire a engagé le travail en novembre 2006. L’entreprise se poursuivra pendant 5 ans jusqu’en novembre 2011. Les travaux d’élaboration des spécifications techniques, vérifiées par un test de saisie sur 1500 notices, se sont achevés en mars 2007. En parallèle, le fichier a été intégralement numérisé par le prestataire afin qu’il effectue sa saisie à partir d’une version numérique du fichier et non à partir de l’original consulté en permanence par les lecteurs. La saisie des fiches, commencée en avril 2007, vérifiée chaque semaine par l’envoi par le prestataire de 150 à 200 anomalies corrigées par le département de la Musique, s’organisera en 10 tranches successives, permettant un contrôle régulier plus facile à effectuer.

Nul doute qu’au terme de cet énorme chantier, l’enrichissement du catalogue BN-Opale Plus sera considérable, car les notices ainsi créées permettront à la communauté des chercheurs d’accéder à l’une des collections musicales les plus riches au monde. Dans BN-Opale Plus, l’accès aux références des documents conservés au département de la Musique se fait selon le support et le type de document : livres, périodiques, musique imprimée et manuscrite, documents d’archives (pour les lettres autographes), images fixes (pour les portraits de musiciens), etc.

Sébastien Gaudelus
conservateur au département de la Musique de la BnF
[intervention faite également au Congrès de l’AIBM, Sydney, le 06/07/2007]

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